Longévité et Bonne Fortune
font bien sûr partie des vœux de tout un chacun.
Au Japon, ils s'expriment le plus souvent par le biais
d'intermédiaires animaux qui jouent le rôle
d'intercesseurs entre l'individu et la divinité bienveillante.
Les célèbres carpes Koi , par exemple,
n'apportent pas simplement beauté et sérénité
dans le jardin épuré d'une demeure japonaise.
Elles sont un symbole de longévité, de bonne chance et de richesse.
Des amulettes porte-bonheur, les anamori
peuvent d'ailleurs reprendre l'image de ces élégants
et silencieux hôtes des jardins.
Rien d'étonnant non plus si, dans un hall de pachinko,
ces ensembles gigantesques de machines à sous
qui, en milieu urbain ne désemplissent jamais,
c'est un tapis de poissons que foule le joueur
avant d'aller s'asseoir devant son infernale machine.
Autre animal symbolisant longévité et bonne fortune,
la grue, tsuru.
Selon la riche mythologie japonaise, elle pourrait même
vivre 1000 ans et habiter le pays des immortels.
Elle a constitué un thème majeur de la peinture traditionnelle
et continue de représenter un motif de prédilection
lorsqu'elle décore l'enveloppe externe des tonneaux de saké.
A Himeji , dont le merveilleux château d'une blancheur immaculée,
inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco
est communément désigné sous le vocable de
'Château du Héron blanc',
le thème de la grue est partout repris en ville ...
y compris sur les bouches d'égouts.
A Nara, les cerfs Sika, qu'on qualifie aussi de daims
à cause de leur pelage tacheté,
sont considérés comme des messagers des dieux
et vivent en totale liberté dans le parc
du grand sanctuaire Kasuga-taisha.
Ils doivent ce privilège à l'arrivée en ville en 768
du Dieu du Tonnerre, au nom imprononçable,
qui chevauchait un grand cerf.
Bien qu'ayant perdu leur statut divin en 1957
pour devenir Trésor naturel, les cerfs sont toujours vénérés
et malheur à qui s'en prendrait à eux.
Il faut avouer toutefois que ces cerfs peuvent devenir
"collants", surtout si, comme bon nombre de touristes,
vous avez acheté des shika senbei, les biscuits pour cerfs,
que des étals proposent tout au long du parcours.
Il faudrait encore parler des chevaux, montures sacrées des dieux.
On prétend qu'un cheval noir était invoqué
pour faire venir la pluie
et un cheval blanc pour qu'elle cesse.
Un paravent à double face du temple Tenryu-ji à Kyoto
reprend d'ailleurs l'image de ces fiers destriers.
A Takayama, dans les Alpes japonaises, il était d'usage autrefois
d'amener chevaux et bétail au temple
pour assurer leur protection et garantir de bonnes récoltes.
Cette pratique a ensuite fait place à la représentation
de chevaux sur des plaques votives ema.
Accrochées au seuil des maisons, elles devaient assurer
prospérité du commerce et santé des habitants,
la couleur du cheval variant en fonction
de la nature du vœu plus particulièrement exprimé
(suite et fin dans le prochain article)
oooOOOooo