Peut-être ne connaissez-vous pas les coatis ??
Ce sont de drôles de petits mammifères. Apparentés aux ratons-laveurs, mais plus gros, d'aspect plutôt sympathique, ils peuplent les forêts l'Amérique centrale ainsi que la partie tropicale de l'Amérique du Sud.
Certains ont un joli pelage roux et une belle queue annelée. Tous possèdent un long nez à la Pinocchio terminé par une sorte de trompe perpétuellement en mouvement. Les scientifiques les désignent sous le vocable de 'nusa nusa', ce qui convient parfaitement à ce grand renifleur devant l'éternel.
photo wikipedia.org
Les coatis sont insectivores, frugivores, carnivores à l'occasion, omnivores en somme : de vrais goinfres !
Fouisseurs, fouineurs, fureteurs, chapardeurs, ce sont de fieffés coquins qui n'ont pas leur pareil pour dévaliser d'un coup de patte le contenu du sac d'un touriste.
Ajoutez à cela qu'ils sont d'un naturel généralement agressif et querelleur. Les ratons-laveurs eux-mêmes, qui n'ont pourtant pas la réputation d'être particulièrement lymphatiques, leur cédent prudemment le passage s'ils viennent à les rencontrer en forêt.
photo wikipedia.org
A l'état sauvage, on ne peut apercevoir les coatis que furtivement. Ils courent toujours en bandes organisées à la recherche de nourriture, ou vers Dieu sait quelle destination,
Celui qui nous intéresse, appelons-le Diego pour le reconnaître plus facilement, habite avec ses congénères dans le Parc National d'Iguaçu au sud-est du Brésil, que se partagent le Brésil et l'Argentine ( les argentins l'écrivent Iguazu ).
Le Parc est mondialement célèbre et attire chaque année des millions de visiteurs, car il abrite, dans un cadre somptueux de forêt tropicale humide, l'une des sept Merveilles de la Nature, les plus belles chutes d'eau qu'il soit donné de contempler sur Terre, les plus grandes, les plus majestueuses, devant lesquelles on reste saisi d'admiration :
les chutes d'Iguaçu.
photo cityzeum.com
photo wikipedia.org
Un total de 275 cataractes sur un front de 3 kilomètres, auprès desquelles les chutes du Niagara font figure de cabine de douche.
On imagine sans peine l'attraction que représente pour les visiteurs venus des quatre coins du monde la contemplation d'une telle merveille. Mais c'est là justement que réside le problème de nos chers coatis.
Ils se sont tellement habitués à la présence quotidienne de milliers de touristes qu'ils en ont oublié leurs saines pratiques alimentaires et en sont réduits à faire le beau devant les visiteurs attendris - quelle honte - afin d'obtenir quelque friandise et se faire photographier dans cette indécente attitude.
photo tripadvisor.com
Diego, lui, n'a que mépris pour les membres de sa tribu qui se livrent à ces exhibitions qu'il juge indignes, et maugrée contre ces amuseurs publics devenus esclaves de leur insatiable appétit.
Il préfère de beaucoup laisser là ces clowns impudiques et profiter des précieux moments où l'afflux touristique se raréfie pour trottiner le nez au vent sur les passerelles et chemins panoramiques qui bordent les chutes.
Son plus grand plaisir est alors de sentir au bout de son museau le goût des embruns qui montent en permanence des cascades assourdissantes et d'observer l'extraordinaire spectacle qu'offre le jeu, sans cesse renouvelé et toujours imprévisible, auquel se livrent la lumière et l'eau dans les transparences de ces déversements titanesques.
Quiconque parcourt les sentiers du Parc ressent tôt ou tard l'impression d'être assimilé à une espèce florale, tant sont nombreux les papillons de toutes les couleurs qui viennent voleter autour de soi et souvent se poser sur l'épaule ou la tête.
Il y a parait-il plus de 400 espèces différentes dans le parc et Diego aime bien les regarder, sans arrière-pensée gustative cette fois, car ils ne constituent pas à dire vrai un mets bien consistant.
Agraulis vanillae maculosa - photo Mauricio Skrock
Diaethria clymena marchalii - photo MauricioSkrock
J'ai oublié de vous dire que les coatis sont arboricoles. Ils grimpent dans les arbres avec une incroyable agilité et peuvent en redescendre accrochés au tronc la tête en bas, ce qui leur est rendu possible grâce à la facilité qui leur a été accordée de pouvoir effectuer une rotation quasi complète des chevilles. De quoi rendre jaloux un gymnaste de haut-niveau !
Une fois installé dans la frondaison, Diego peut bénéficier à loisir du panorama grandiose offert par la succession des chutes... sans omettre, l'occasion aidant, de gober un oeuf au passage.
photo tripadvisor.com
Dans son arbre perché, il se souvient que, tel un oisillon, il a passé les six premières semaines de son existence dans un nid douillet haut-perché, construit amoureusement par sa maman.
photo treeoflifecostarica.com
Il peut alors rêver qu'il a des ailes et qu'il plane très haut au-dessus de ce site majestueux brusquement surgi au coeur de la dense forêt tropicale.
Ce soir, alors que les dernières lueurs du jour embraseront les eaux du fleuve en amont des chutes, et que la nuit surviendra très vite, comme il se doit sous les tropiques, Diego s'en ira rejoindre ses copains pour une folle sarabande nocturne dans les sentiers que les touristes auront désertés.
photo ambergriscaye.com
Non contents d'être tout à la fois arboricoles, acrobates, omnivores, querelleurs et saltimbanques, les coatis mènent aussi une double vie, diurne et nocturne !
Décidément de drôles d'animaux, ne trouvez-vous pas ??
oooOOOooo
Les photos de cette inhabituelle façon de présenter le site des chutes d'Iguaçu sont, sauf indication contraire, de l'auteur.