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19 mars 2016 6 19 /03 /mars /2016 22:10

 

Je m'en vais vous conter une histoire à laquelle il vous sera peut-être difficile d'adhérer.

Il était une fois une dame caïman - une caïmane si vous préférez - qui était tombée amoureuse d'un beau cheval blanc.

Tout à fait abracadabrantesque, penserez-vous.

Je vous rétorquerai qu'il n'y a pas si longtemps de cela, vous aviez fini par admettre qu'en dépit des difficultés, un petit oiseau et un petit poisson pouvaient fort bien s'aimer d'amour tendre.

 

Patrick O'Reilly - 'Chacun y trouve son compte' bronze - 2003

 

Alors, pourquoi pas une caïmane et un beau cheval blanc ?

La scène se passe au Brésil, dans le Pantanal, une immense zone inondable, grande comme la Belgique et plate comme une galette, qui se trouve dans le centre/sud-ouest du pays, à la limite de la Bolivie et du Paraguay.

 

 

 

Pendant 4 à 6 mois de l'année, durant la saison des pluies, les fleuves, notamment le rio Cuiaba et le rio Paraguay, débordent.

Le Pantanal est alors complétement noyé sous les eaux,

C'est la plus grande zone humide de la planète, et y parvenir à cette époque, ou immédiatement après, n'est pas une mince affaire.

 

 

 

Si toutefois vous parvenez à destination, vos yeux émerveillés découvrent un paradis originel, une extraordinaire réserve de flore et de faune sauvage que l'on a parfois surnommée :

le 'diamant vert du Brésil'

 

photo mauriciotravels.com

 

 

Pour ne parler que de la faune, songez que pas moins de 650 espèces d'oiseaux ont été répertoriées là,

Une liste, même incomplète, des innombrables espèces animales, allant du minuscule moustique au jaguar, qui ont élu domicile dans ce marécage géant, prendrait des pages et des pages..

Il convient tout de même de préciser que la probabilité de rencontrer un moustique est infiniment supérieure à celle de se trouver nez à nez avec un jaguar.

On peut très bien passer une vie entière dans le Pantanal sans apercevoir ne serait-ce que l'ombre de la moustache de ce noble félin.

 

                                                                                                                     ara bleu

 

                                                                                                                                                                                               tapir

 

                                                                                                                                                                                         capivara

 

Mais notre propos n'étant pas de parler des tapirs, tamanoirs, paresseux, capivaras, loutres géantes, anacondas et autres singes hurleurs qui peuplent ce paradis perdu, revenons donc à notre surprenante histoire.

Quand l'eau commence à transformer les prairies en lacs et que la décomposition des organismes végétaux donne aux marigots une étrange coloration rougeâtre, il y a deux catégories d'animaux qui deviennent incontournables dans le Pantanal :

les chevaux et les caîmans

 

 

 

 

Dans ce monde où l'on ne sait plus très bien où commence l'eau et où finit la terre, le cheval -  mis à part le bateau bien sûr - demeure le moyen de locomotion le plus commode.

Il n'est pas rare de rencontrer en chemin, les pantaneiros qui accompagnent leurs troupeaux, véritables centaures qui semblent ne faire qu'un avec leurs montures.

 

,  

 

 

photo wwf.org.br

 

Quant aux caïmans, on ne peut pas les manquer, ils sont partout !

Alors qu'en saison séche ils s'enterrent dans la boue pour noyer leur chagrin, dès qu'arrive la saison des pluies, ils ne se sentent plus de joie et envahissent allégrement cet immense et providentiel terrain de chasse. 

 

 

 

Les caïmans du Pantanal n'ont rien de commun avec leurs cousins les crocos africains, ces gros monstres qui passent le plus clair de leur temps la gueule ouverte, à attendre qu'un oiseau obligeant ait la bonté de venir leur nettoyer les crocs.

 

photo DDEA EDO photography

 

A côté de ces rescapés de la préhistoire, dans le gotha des sauriens, les caïmans font figure d'aristocrates, plus fins, plus racés, plus subtils, avec ce soupçon d'ironie qui leur donne l'air en permanence de se moquer du monde.

 

photo intolatinamerica.com

 

Ils ne sont que modérément dangereux pour l'homme, étant entendu qu'il est préférable que les jeunes enfants ne prennent pas la berge pour un terrain de jeux.

Le Pantanal n'est pas vraiment fait pour les petits enfants. mais qui aurait d'ailleurs l'idée saugrenue d'ouvrir une garderie au coeur du Pantanal ?

La nourriture favorite des caïmans, ce sont les piranhas.

Personne à ce jour n'a exprimé la moindre plainte à ce sujet. 

 

 

photo intolatinamerica.com

 

Deux espèces de caïmans fréquentent assidument le Pantanal, 

Il y a les caïmans à lunettes. Ils sont ainsi nommés, non parce que leur vue déficiente les oblige à porter cet accessoire, mais en raison d'une protubérance osseuse entre les yeux qui évoque vaguement la forme d'une monture.

Leurs proches parents, les jacaré, ont les dents du dessous qui ressortent lorsqu'ils ont la gueule fermée.

On les surnomme caïmans piranhas, c'est tout dire ! 

 

 

Le décor étant posé et les acteurs étant en place, il serait peut-être temps à présent d'en arriver à notre histoire de passion entre une dame caïman et un beau cheval blanc.

Mais voici que tout à coup la nuit tombe sur le Pantanal ...

 

photo tourisme-bresil.com

 

 

oooOOOooo

 

(photos de l'auteur, sauf indication contraire)

 

à suivre ...

Le Caïman amoureux (1)
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commentaires

E
Je viendrai lire la suite de ce conte, bien que je ne crois plus trop aux mariages du poisson et de l'oiseau...
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J
Il faut toujours garder en soi une part de merveilleux. Elle permet de regarder le monde avec des yeux d.enfant, c.est tellement plus agréable...
T
Tu es un véritable aventurier ! En voiture, à cheval, à pied au milieu des caïmans ! C'est formidable, tout ce que tu nous fais découvrir. Exotique, et tellement authentique, tellement différent ! Merci pour ce superbe reportage, tu nous gâtes ! Beau dimanche de printemps Jean-François :-)
Répondre
J
Le Pantanal reste pour moi un merveilleux souvenir. Une nature vierge, un flux touristique modéré en raison des difficultés d'accès, et surtout tellement d'animaux que l'on peut approcher de près car, n'étant pas chassés, ils ne craignent pas l'homme. Pourvu que çà dure ! Merci Thaddée pour ta visite et bon retour après ta bouffée d'oxygène sétoise.

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