Tout bien considéré, j'en suis arrivé à la conclusion que les bancs, tous les bancs, sont de fieffés coquins car ils ont développé au fil du temps une technique de séduction si parfaite qu'il nous est pratiquement impossible, à nous pauvres mortels, d'échapper à leur irrésistible et magnétique force d'attraction.
Voyez au détour d'un chemin, ce banc tout simple du parc de Nervi, en Italie, sa courbe aguichante reflète habilement la lumière pour mieux nous inciter à s' y poser un moment.
Que penser alors de ce banc du bois de Boulogne à Paris en hiver. Alors que tout alentour est nu et glacé, il trouve le moyen d'utiliser un rayon du soleil déclinant pour nous faire de l'oeil malgré la froidure.
L'utilisation habile du décor ambiant constitue le b-a-ba de la panoplie séductrice des bancs. Ici, au parc de Saint-Cloud, en région parisienne, tout est mis en oeuvre pour annihiler une quelconque velléité de résistance de la part du promeneur, arbres en fleurs, rai de lumière plongeant, atmosphère romantique, difficile vraiment de ne pas succomber.
Plus prosaiquement, lorsque l'environnement est moins propice, comme ici, en Corrèze, à Gimel-les-Cascades, le banc tentateur va rechercher la proximité d'un petit massif floral, c'est toujours mieux que de rester le dos au mur à attendre bêtement le client.
Bien sûr, quand celà est possible, une petite mise en scène avec des arrangements floraux est un atout certain, comme ici sur Observatory Hill à Sydney, en Australie.
C'est dans l'utilisation perfide d'un décor artificiel en trompe-l'oeil que la rouerie des bancs éclate au grand jour. Celui-ci,à Leura, dans les Blue Mountains, en Australie, en est un exemple flagrant.
Avec son air de Sainte Nitouche, ce banc tout blanc et tout sage, aperçu dans un jardin privé à Swellendam, en Afrique du Sud, semble créer un émoi certain chez le couple enlacé d'arbres vénérables qui lui assure un ombrage protecteur à la belle saison.
Mine de rien, voici un banc pour le moins provocateur. La statue de la Smithsonian Institution, à Washington, Etats-Unis, dont on voit l'ombre portée, en a les mains sur les hanches de stupéfaction, elle qui aimerait tant se poser un peu. Ces bancs sont vraiment trop cruels.
De retour au parc de Saint-Cloud où un couple de pierre considère tristement la distance qui le sépare de ce banc.bien opportun.
Le banc, malicieusement, les attend, cela ne fait aucun doute, mais ce n'est qu'avec les derniers rayons d'un soleil rasant que l'ombre du couple atteindra ce but si ardemment convoité. Nous ne connaîtrons pas hélas ce moment car le parc alors aura fermé ses grilles. Les rencontres des statues et des bancs se passent toujours dans la plus grande discrétion.
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