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21 octobre 2016 5 21 /10 /octobre /2016 10:42

 

Elles ont surgi de la nuit, sans un mot,

et les oiseaux se sont tus sur leur passage.

 

 

 

Elles sont sorties de la grande forêt.

Leurs visages étaient peints du rouge de la vie et du blanc de l'autre monde.

 

 

 

Magiciennes ou sorcières, esprits féminins de la jungle ou jeteuses de sorts ?

Elles connaissent les sortilèges et les maléfices de la grande forêt,

les racines qui guérissent et les baies qui ensorcelent.

 

 

 

Dans ce pays étrange, des écharpes de brume s'accrochent perpétuellement à la cime des arbres, comme si les âmes des ancêtres ne se décidaient toujours pas à abandonner le lieu où ils vécurent.

 

 

Des fleuves majestueux se lovent comme des serpents, baignant des rives mystérieuses et bruissantes de vie.

 

 

A n'en pas douter, les femmes-feuilles sont les gardiennes de ce monde inviolé que notre civilisation industrielle risque de voir bientôt disparaître 

 

 

 

Plusieurs d'entre elles ont l'âge des souvenirs et des secrets enfouis du passé mais elles ont à cœur de transmettre à leurs filles un savoir et des traditions qui, autrement,  disparaîtraient inexorablement avec elles.

 

 

Ces femmes, je les ai photographiées en Papouasie-Nouvelle Guinée, à l'occasion du Festival de Goroka 2016.

Elles sont originaires de la région de Mul Baiyer, Waur Waur, dans la province des Western Highlands, et avaient constitué un groupe, ironiquement dénommé 'Black Mama'.

 

 

Il est tout à fait remarquable, et encourageant, dans un pays où la violence faite aux femmes est un mal endémique et où, il y a peu encore, il n'était pas inhabituel d'apprendre par les journaux que, dans un village isolé, on avait torturé et brûlé une prétendue sorcière, que des groupes exclusivement féminins commencent à participer à de grands festivals culturels.

Les Western Highlands, comparées à d'autres provinces du pays, sont réputées plus favorables à des sociétés de type matriarcal.

Le Goroka Show, le plus ancien de Papouasie-Nouvelle Guinée, est également considéré plus sécurisant que son grand rival de Mount Hagen où l'insécurité est récurrente  Les groupes venus de la côte et les rares groupes féminins préfèrent donc se produire à Goroka plutôt que côtoyer les farouches ethnies des montagnes centrales.

Il est donc permis d’espérer que ce pays, trop longtemps décrit comme le pire qui soit quand on est une femme, évolue lentement vers une situation apaisée, grâce notamment au courage de groupes tels que les 'Black Mama' qui perpétuent des traditions féminines millénaires.

 

oooOOOooo

 

 

 

 

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commentaires

J
Lepatrimoine immatériel de l'Humanité c'est ce que tu nous montres et qui est perpétré par les "festivals". tu parles de laviolence du pays maislaviolence que l'on vit ailleurs actuellement n'est -elle pas plus insupportable? La femme est partout martyrisée etmeme dans nos civilisations...civilisées.
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J
Bonsoir Jacqueline.<br /> Mon propos dans ce billet n'était pas de faire une comparaison avec les situations intolérables qui prévalent dans des pays en guerre ou soumis à l'obscurantisme ou à des fanatismes religieux. La Papouasie-Nlle Guinée est un pays, certes de tradition violente, mais où règne la paix. Malheureusement, la condition féminine y est encore bien précaire et les progrès dans ce domaine n'avancent qu'à tout petits pas. .Le spectacle de la participation de groupes féminins à des festivals culturels y est donc un signe d'ouverture particulièrement encourageant.
M
Bonjour (ou bonsoir) Jean-François.<br /> Superbe reportage, fascinantes images ! <br /> Le maquillage qui se répète, régulier, " lancinant ", attire le regard et les questions, plus fort qu'un masque car il colle à la peau, il fait partie de ces femmes, à ce moment-là.<br /> Merci Jean-François, tu constitues ainsi, avec ces photos, ces souvenirs et réflexions accumulées, ici et sur les autres billets, un fond documentaire passionnant, avec ses parts de mystère ...
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J
Merci Midolu pour la visite. Il est vrai que ces femmes sont fascinantes et on aimerait en savoir plus sur la tradition qu'elles font revivre, le sens précis de leurs peintures corporelles, le contexte dans lequel elles apparaissaient ainsi ...On ne peut qu'assister sans comprendre à ce spectacle d'un monde si différent du notre et en garder en mémoire de belles images qui conserveront, comme tu le dis, leur part de mystère.<br /> Bonne soirée dans ta belle province..
E
Un billet fascinant qui me laisse sans voix, sans mots...
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J
Bonjour Eva,<br /> Ce sont surtout ces femmes qui sont fascinantes dans un contexte qui ne leur est guère favorable. Quand on pense que, dans la vie de tous les jours elles vaquent à leurs tâches domestiques, élèvent des enfants ou travaillent à la ville, dans un pays qui a sauté les siècles de façon vertigineuse, on en a le tournis. Il faut espérer que ces festivals garderont longtemps ce caractère d'authenticité qui charme tant les touristes et enthousiasme les populations locales, ravies de revivre ou de découvrir les rites que pratiquaient leurs parents et grands-parents.<br /> Bon week-end.
N
Bonsoir Jean-François<br /> Encore une fois un billet passionnant et des images de toute beauté. Le charme tient sans doute au décalage si grand avec nos sociétés mais ce n'est pas qu"un attrait pour une sorte d'exotisme : la fascination pour la vie sauvage, il transparait dans ce témoignage une authenticité qui émeut. <br /> Une question me vient à l'esprit devant tant de soin apporté à leur rédaction : diffuse-tu aussi tes articles sur facebook ? Moyen superficiel et très limité dans le temps mais offrant une large diffusion. <br /> Bonne soirée Jean-François
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J
Merci Nicole pour le commentaire. J'ai trouvé ce groupe féminin - de petite taille et avec de grands bâtons - absolument fascinant et j'aimerais beaucoup en savoir plus sur la tradition que ces femmes font ainsi revivre dans un pays tellement machiste. Au risque de passer pour un arriéré mental, je ne suis sur aucun réseau dit social. Plutôt que de garder mes photos dans des albums, j'adore faire parler les images et un article de blog est un excellent moyen de les rendre plus 'vivantes'. Si, en plus, des visiteurs les trouvent plaisantes, ce n'en est que mieux, <br /> <br /> Bon week-end à toi.
D
ah, je voulais aussi demander si tu/vous sais/savez le "sens" de leur "maquillage"?
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J
A mon grand regret, et en dépit de mes recherches, je ne sais malheureusement rien de plus concernant ce groupe féminin. Pour ce qui est de la disparition programmée, je pense au contraire que ces festivals sont une magnifique opportunité pour faire revivre des traditions qui risquaient d'être oubliées. Leurs organisateurs sont vigilants quant à l'authenticité des prestations des groupes participants. Tu as peut-être remarqué que la femme, sur la photo n°3, porte en plus du collier traditionnel de coquillages et de plumes, un joli collier de facture moderne qu'une villageoise des Hautes Terres ne rêverait même pas de pouvoir acquérir. Le festival terminé, elle portera à nouveau des vêtements 'occidentaux'et exercera sans doute une fonction dans l'administration locale. Le gouverneur de la province est d'ailleurs une femme !.
D
dans le même temps, je me demande toujours, dans ces circonstances, si cela n'est pas aussi le signe "avant-coureur" de leur disparition?
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  • : Pourquoi ce blog? Pour ne pas oublier tous ces rivages, proches ou lointains, que j'ai connus, pour faire partager ces regards, ces visions, ces impressions fugaces, ces moments suspendus et qui ne se reproduiront plus, pour le plaisir de montrer des images et d'inventer des histoires, pour rêver tout simplement..
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