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17 décembre 2017 7 17 /12 /décembre /2017 17:30

 

Le 3 Février 1931 restera à jamais un jour funeste dans l'histoire de la jolie ville de Napier qui s'étire langoureusement le long de la superbe Hawke's Bay, à l'Est de l'île du Nord de la Nouvelle Zélande.

Ce jour là, à 10h47 du matin, et pendant 2'30", un tremblement de terre de 7,8 degrés sur l'échelle de Richter, faisait 256 victimes et réduisait la totalité du centre ville en un indescriptible amas de ruines.

 

 

 

Une plaque apposée sur la merveilleuse promenade du bord de mer évoque aujourd'hui ce terrible événement :

" Je n'ai jamais compris comment un homme pouvait oser regarder une ville réduite à néant, ressentir les secousses, entendre le vacarme tragique des maisons qui se tordent et les craquements de tous côtés, sans être saisi d'un insondable désespoir. En dépit de ses bâtiments réduits à un amas de débris sans valeur, l'homme a toujours trouvé la force d'ériger à cet endroit même une cité plus forte. En mon âme, j'avais construit de hautes tours. Elles ne sont plus que ruines et pourtant j'ai recommencé à construire, projetant de restaurer ce que la vie avait jeté à terre, et ma foi élèvera mes tours à l'assaut du soleil : une ville plus forte qu'elle n'était auparavant. " 

 

 

A Napier, comme d'ailleurs un peu partout dans ces îles du bout du monde restées longtemps isolées, on a conservé l'esprit pionnier et, passé le moment d'abattement et de désolation, on se mit bien vite au travail pour reconstruire la ville.

Comme on était, dans les années 30, à l'apogée de l'Art Déco, on reconstruisit tout le centre ville dans le style Art Déco et c'est ainsi que de nos jours, Napier est devenue le plus extraordinaire musée Art Déco à ciel ouvert qu'il soit donné de visiter.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au fil des années, les autorités municipales de la ville ressuscitée comprirent très vite quel énorme potentiel touristique représentait cette exposition permanente d'un style devenu culte et encouragèrent toute initiative visant à mettre l'Art Déco à l'honneur.

On créa un Art Déco Trust, un Art Déco Center, on invita des artistes à créer sur le thème Art Déco, on organisa dans le cadre d'un Art Déco Festival, des bals costumés Art Déco, des parades Art Déco, des présentations de mode Art Déco, des projections de films d'époque, des concerts, des défilés de véhicules et de trains vintage, des démonstrations en vol d'avions de la Première guerre mondiale. On mit sur pied une Gatsby party, une Prohibition party ..

Bref, le centre ville salamandre se mit à vivre au rythme du swing, du one-step, du charleston et des airs de Cole Porter que l'on pouvait entendre en fond sonore dans les cafés et les restaurants tandis que sur écran, Humphrey Bogart et Lauren Bacall poursuivaient des dialogues initiés bien des années auparavant..

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quant aux commerçants, l'aubaine était trop belle et les vitrines aguicheuses regorgèrent d'objets rétro et de vêtements et d'accessoires vintage, faisant de cette ville un pôle d'attraction incontournable pour les nostalgiques des années 30 et l'un des sites touristiques les plus visités de Nouvelle Zélande.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A la Maison de l'Opossum, l'ennemi public numéro 1, une chorale de ces voraces marsupiaux interprète un charleston endiablé.

 

 

Cadeau malvenu du grand voisin australien, ces animaux à l'appétit dévorant se reproduisent à une vitesse phénoménale et engloutissent chaque jour des tonnes d'une végétation en grande partie endémique. Etant donné qu'ils s'attaquent aussi aux oiseaux et petits animaux, eux aussi endémiques, y compris, abomination des abominations, aux jeunes kiwis, ce qui pour un néo-zélandais est un crime inqualifiable, leur destruction est considérée comme un acte de civisme.

Leur fourrure étant douce, chaude et légère, on en fait donc des chaussettes, des gants, des écharpes ou des bonnets .... vintage, bien sûr !

 

 

oooOOOooo

 

 

(toutes les photos sont de l'auteur, les illustrations représentant la ville en ruines étant placardées sur les murs des bâtiments actuels aux endroits précis où avaient été réalisés les clichés au moment du désastre) 

 

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commentaires

E
Quel courage et quelle persévérance il faut avoir pour reconstruire aussi bellement après un tel désastre. J'adore l'art déco, c'est propre, coloré, joyeux ! ça fait la nique aux catastrophes naturelles ! Bonne fin d'année Jean-François !
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J
Ce courage est en fait lié à l'esprit pionnier, qu'on appréhende mal dans nos contrées. Ces gens - ou leurs parents - ont un jour débarqué dans ces pays lointains avec juste la force de leurs mains pour tout bâtir en partant de zéro. Dans ces conditions, passé le moment d'abattement qui suivait une catastrophe naturelle ils se remettaient à la tâche et cherchaient à conjurer le sort en bâtissant une ville plus belle qu'elle n'était auparavant. Si la majorité des habitants avait été d'origine prussienne, il est à craindre que le style de la cité reconstruite eut été différent.! Très bonne fin d'année à toi aussi Eva.
M
De l'architecture à l'art, de la décoration aux objets et vêtements, l'Art Déco, vintage ou originel, apporte un style bien reconnaissable. Intéressant de connaître l'histoire de cette frénésie dans ce pays, comme une sorte de décalage ... Mais tout s'explique ! Jean-François, merci pour ce partage. Bonnes fêtes de fin d'année, avec mes pensées amicales.
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J
Merci Midolu pour la visite. Même si l'utilisation actuelle de l'environnement Art Déco peut sembler un peu excessif, la reconstruction de la ville dans ce style est une réussite et Napier reste un endroit très agréable à visiter. Le problème de la Nouvelle-Zélande, longtemps isolée, est qu'elle souffre à présent du syndrome aigu d'attractivité touristique. Le pays est superbe et la nature incroyablement belle, mais il n'y a pas un seul site 'touristique' où l'on ne propose une invraisemblable panoplie d'activités, des plus traditionnelles aux plus farfelues, ciblant principalement une clientèle jeune et sportive. Le record dans ce domaine est la ville de Queenstown dans l'île du Sud, devenue un véritable Luna Park dans un cadre sublime. On peut le regretter, mais comme tu dis : tout s'explique ! Bonne fin d'année à toi aussi avec mon amitié.
T
Quel malheur ce tremblement de terre. Mais la ville, loin de se laisser abattre, s'est relevée de ses ruines et a réfléchi au style qu'elle voulait se donner. Bien dans l'air du temps le rétro, le vintage ! L'Art Déco donne aux bâtiments, à la déco, un petit air sucré ... J'aime beaucoup la photo où les écailles de palmier longent "l'étendard" années folles. Par contre les opossums font peur ;-) Ils ont l'air de ricaner, peut-être ont-ils l'air plus sympa quand ils sont vivants ? Je te souhaite un très joli Noël Jean-François et je t'embrasse amicalement.
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J
Il est vrai que, pris individuellement, l'opossum, surtout si comme le kangourou il porte ses petits dans sa poche ventrale, est une jolie peluche. Mais la multiplication rapide de ces voraces animaux est un terrible danger pour le fragile écosystème insulaire néo-zélandais. Et la bataille n'est pas gagnée car le terrain est plus qu'accidenté et en grande partie très sauvage et difficile d'accès. Très belle journée de Noël, Thaddée.
J
Effectivement tu traites d'un argument dont je raffole!. La beauté des lignes,l'élégance tout meplait. Et dans ce cadre improbable qu'est la Nouvelle Zélande, si loin des traditions européennes ce choix estd'autant plus méritoire ! Ce qui m'étonne c'est que de nos jours on ait encore de l'intéret pour une telle époque!!! Bonne fin d'année Jean François!
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J
Les grands pays d'immigration sont toujours traditionalistes et cela d'autant plus si viennent s'ajouter des sentiments d'éloignement et d'isolation à une époque où les voyages duraient longtemps et les communications étaient bien compliquées. Aujourd'hui, il faut en plus tenir compte du désir effréné de développer l'attractivité touristique et tous les ingrédients sont réunis pour créer des petits miracles de ce type ... Très heureuse fin d'année à toi aussi Jacqueline.

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