Le marché couvert Sangurima, dans la superbe ville de Cuenca, est un endroit merveilleux pour s'immerger dans un univers de sons , de couleurs et de senteurs. Les étals de fruits et légumes, de viandes et de poissons y côtoient les échoppes d'artisans, d'épiciers, de fromagers, de vendeurs d'herbes aromatiques, de fleurs, de parfums, de médecines naturelles, sans oublier tout un étage où l'on peut se restaurer à bon compte de spécialités andines.
détail de la verrière centrale
Ici, on peut tout trouver, depuis les tomates d'arbre, ce fruit au goût étrange qui n'existe que dans les Andes
jusqu'au chocolat artisanal
en passant bien sûr par les inévitables panamas.
Mais c'est le lundi qu'il faut de préférence flâner dans le marché Sangurima, car c'est le jour pendant lequel officient les guérisseuses.
Elles sont arrivées tôt le matin, de toute la province, avec leur impressionnant fardeau d'herbes et de fleurs aux vertus curatives, cueillies par leurs soins selon une tradition ancestrale transmise de mère en fille, et elles vont procéder à la cérémonie de la purification, le limpio.
Elles assemblent de petites gerbes de plantes diverses choisies en fonction du patient à traiter, avec lesquelles elles vont "flageller" toutes les parties du corps pour en extraire le mal. On peut voir également sur la partie avant de la photo une guérisseuse marquer le front d'une fillette en prononçant des incantations.
Selon un rite communément pratiqué par les shamans du monde entier, elles recrachent à la tête du patient une gorgée d'un alcool dont la composition est leur apanage, censé purifier et écarter les mauvais esprits.
Les mains aussi sont purifiées par cet alcool.
Quant aux gestes ci-dessous, ils symbolisent à n'en pas douter l'extirpation d'un mal dont la patiente a déclaré souffrir
L'oeuf placé sur la tête du garçonnet absorbera les influences néfastes auxquelles il pourra être soumis.
Jeunes et vieux se pressent pour la consultation et beaucoup de mères soumettent leur bébé à la purification.
Sa prestation terminée, la guérisseuse touchera sa rémunération de 1 dollar.
Ces guérisseuses perpétuent en fait une tradition millénaire à Cuenca. Elles sont les lointaines descendantes de ces sorcières pourchassées par l'Inquisition espagnole au 16ème siècle, décrites alors comme accoucheuses, guérisseuses, veilleuses de morts, femmes qui détiennent un pouvoir qui échappe aux hommes. Plus loin encore, elles se rattachent auux traditions shamaniques pré-colombiennes.
Alors, faut-il croire en leurs pouvoirs ??
Le petit Jésus, qui en connait un bout en matière de miracles, en lève les bras au ciel...
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