C'était un village oublié dans le nombril de l'Inde,
le Madhya Pradesh.
A la saison sèche, il y fait une chaleur d'enfer.
Aujourd'hui, on y trouve des hôtels, des restaurants, des parcs ombragés, un aéroport, des touristes et des boutiques de souvenirs.
Comme partout en Inde, quand on se promène dans ses vieux quartiers, la couleur est omniprésente.
Comme partout dans l'Inde rurale, les vaches déambulent en liberté et, comme elles sont d'un naturel curieux, elles ne dédaignent pas de jeter un cil dans les échoppes des marchands.
Mais ce qui a fait que ce lieu est devenu une étape incontournable des circuits touristiques et s'est retrouvé inscrit par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité, est la redécouverte en 1840 d'un extraordinaire ensemble de temples noyés dans la végétation et a demi détruits, datant des IXème et Xème siècles, du temps de la dynastie éclairée et tolérante des Chandella.
Ces temples, -il en reste une vingtaine alors qu'ils devaient être plus de quatre vingt à l'origine -hindouistes, bouddhistes et jaïn, présentent la particularité, qui choqua beaucoup les premiers découvreurs, d'être un hymne à l'amour charnel.
La plupart d'entre eux sont recouverts, à l'extérieur et parfois même à l'intérieur, d'un foisonnement de figures gracieuses, couples enlacés, personnages idéalisés, scènes amoureuses, jeunes femmes sensuelles tenant délicatement un miroir ou se teignant, dans un geste exquis, la plante du pied, mais aussi scènes de batailles, danses, luttes d'animaux, activités quotidiennes, êtres fantastiques.
Pas de surface qui ne soit ornée, sans pour autant nuire aux lignes générales des ouvrages.
Si l'acte sexuel est souvent représenté de façon suggestive, parfois donnant lieu à des positions qui laisseraient perplexe le plus athlétique adepte du Kâmasûtra, les sculptures, dans leur ensemble sont d'une saisissante beauté.
Car c'est bien d'une divinisation de l'érotisme qu'il s'agit. La plénitude des corps, l'exaltation des formes féminines, les déhanchements voluptueux, les étreintes, ne sont là que pour rappeler aux humains la beauté des énergies divines. L'union de tous ces dieux et de tous ces êtres célestes symbolise l'union mystique à l'âme universelle.
Toutes ces sculptures en haut-relief ou en ronde-bosse si habilement disposées par leurs créateurs et qui ceinturent les temples de tous côtés, reflètent l'infinie variété des formes de vie.
Contrairement à certains touristes qui ne sont attirés que par l'aspect érotique des sculptures, les fidèles indiens continuent d'honorer les dieux et les déesses qui leur montrent la voie vers l'accomplissement de toute vie,
Vêtues de leurs plus chatoyants saris, les femmes, en majorité, tournent autour des sanctuaires dans le sens de la marche du soleil. Elles déposent des offrandes de fleurs dans les niches des divinités et répandent sur le sol des pétales et de l'eau parfumée.
Les souriantes sculptures continuent de veiller avec bienveillance sur le devenir des humains.
Elles ont eu la chance de parvenir jusqu'à nous, échappant aux guerres et aux fanatismes religieux qui ont causé tant d'irréparables dommages à travers le monde.
oooOOOooo