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13 novembre 2018 2 13 /11 /novembre /2018 09:41

 

C'était un village oublié dans le nombril de l'Inde, 

le Madhya Pradesh.

A la saison sèche, il y fait une chaleur d'enfer.

Aujourd'hui, on y trouve des hôtels, des restaurants, des parcs ombragés, un aéroport, des touristes et des boutiques de souvenirs.

Comme partout en Inde, quand on se promène dans ses vieux quartiers, la couleur est omniprésente.

 

 

Comme partout dans l'Inde rurale, les vaches déambulent en liberté et, comme elles sont d'un naturel curieux, elles ne dédaignent pas de jeter un cil dans les échoppes des marchands.

 

 

Mais ce qui a fait que ce lieu est devenu une étape incontournable des circuits touristiques et s'est retrouvé inscrit par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité, est la redécouverte en 1840 d'un extraordinaire ensemble de temples noyés dans la végétation et a demi détruits, datant des IXème et Xème siècles, du temps de la dynastie éclairée et tolérante des Chandella.

 

 

Ces temples, -il en reste une vingtaine alors qu'ils devaient être plus de quatre vingt à l'origine -hindouistes, bouddhistes et jaïn, présentent la particularité, qui choqua beaucoup les premiers découvreurs, d'être un hymne à l'amour charnel.

La plupart d'entre eux sont recouverts, à l'extérieur et parfois même à l'intérieur, d'un foisonnement de figures gracieuses, couples enlacés, personnages idéalisés, scènes amoureuses, jeunes femmes sensuelles tenant délicatement un miroir ou se teignant, dans un geste exquis, la plante du pied, mais aussi scènes de batailles, danses, luttes d'animaux, activités quotidiennes, êtres fantastiques.

Pas de surface qui ne soit ornée, sans pour autant nuire aux lignes générales des ouvrages.

 

 

Si l'acte sexuel est souvent représenté de façon suggestive, parfois donnant lieu à des positions qui laisseraient perplexe le plus athlétique adepte du Kâmasûtra, les sculptures, dans leur ensemble sont d'une saisissante beauté. 

Car c'est bien d'une divinisation de l'érotisme qu'il s'agit. La plénitude des corps, l'exaltation des formes féminines, les déhanchements voluptueux, les étreintes,  ne sont là que pour rappeler aux humains la beauté des énergies divines. L'union de tous ces dieux et de tous ces êtres célestes symbolise l'union mystique à l'âme universelle.

Toutes ces sculptures en haut-relief ou en ronde-bosse si habilement disposées par leurs créateurs et qui ceinturent les temples de tous côtés, reflètent l'infinie variété des formes de vie.

Contrairement à certains touristes qui ne sont attirés que par l'aspect érotique des sculptures, les fidèles indiens continuent d'honorer les dieux et les déesses  qui leur montrent la voie vers l'accomplissement de toute vie, 

Vêtues de leurs plus chatoyants saris, les femmes, en majorité, tournent autour des sanctuaires dans le sens de la marche du soleil. Elles déposent des offrandes de fleurs dans les niches des divinités et répandent sur le sol des pétales et de l'eau parfumée.

 

 

Les souriantes sculptures continuent de veiller avec bienveillance sur le devenir des humains. 

Elles ont eu la chance de parvenir jusqu'à nous, échappant aux guerres et aux fanatismes religieux qui ont causé tant d'irréparables dommages à travers le monde.

 

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Khajurâho, l'érotisme divinisé.
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31 octobre 2018 3 31 /10 /octobre /2018 15:12

 

1900 - 1906

Sept petites années à l'aube du XXème siècle.

Années de misère noire et de labeur acharné.

Picasso n'a que 18 ans en 1900 quand il arrive pour la première fois à Paris, mais il est déjà sûr de sa bonne étoile.

Années de création intense.

Années qui voient naître des œuvres que l'on cataloguera plus tard sous le vocable de période bleue et de période rose.

Des oeuvres qui, de nos jours, trouvent grâce même auprès des plus farouches détracteurs du génie multiforme.

Le Musée d'Orsay à Paris présente actuellement quelques trois cents œuvres réalisées au cours de ces sept petites années de jeunesse.

Des peintures, des sculptures, des dessins, des céramiques.

Les bleus pâles trahissent une tristesse infinie à laquelle la mort prématurée de l'ami Casagemas n'est certainement pas étrangère.

Les roses, les ocres, paraissent nimber de douceur des personnages perdus dans leurs rêves.

Les saltimbanques sont affectueusement surpris, hors spectacle, dans l'intimité de leur vie familiale. 

Dans les carnets de dessins, les travaux préparatoires, le crayon, le fusain, esquissent avec maestria, en quelques traits, des scènes, des portraits criants de vérité.

Mais ce qui frappe surtout, si l'on approche des toiles, c'est l'intensité des regards.  Une insondable mélancolie semble en émaner.

Années charnières avant l'explosion picturale qui révolutionnera le siècle tout entier.

Instants suspendus, moments de grâce.

 

Une exposition remarquable.

 

 

 

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16 septembre 2018 7 16 /09 /septembre /2018 18:07

 

Alors qu'à la Grande Halle de La Villette le collectif teamLab surprenait et enchantait le visiteur avec le spectacle 'Au-delà des limites', objet de mon précédent article, l'hôtel Salomon de Rothschild le plongeait dans 10000 ans d'esthétique japonaise avec la très belle exposition 'Fukami', voyage initiatique dans l'histoire de l'art du Japon, occasion d'un dialogue inédit avec des œuvres de Gauguin ou Picasso et d'une approche de cet art si différent des conceptions occidentales où l'on parle d 'humidité de l'âme' et de 'dialectique du flottement'.

Un éventail audacieux de créations diverses, toutes époques confondues, donnait lieu à des confrontations saisissantes, telle une robe sculptée contemporaine reprenant des motifs de la céramique Jômon (2000-3000 avant JC) ou une oeuvre minimaliste de Lee Ufan contrastant avec le somptueux décor XVIIIème de ce superbe hôtel particulier.

 

 

Les photographies n'étant que partiellement autorisées lors de la visite, la frustration du chasseur d'images faisait place à l'excitation  en découvrant dans l'immense salle du sous-sol de l'hôtel une stupéfiante installation du sculpteur Kohei Nawa intitulée 'Foam', un nuage de mousse éclairé de bleu s'élevant jusqu'à 4 mètres de haut !

 

 

Métamorphose, philosophie de la légèreté, expérience temporelle, esthétique de la transformation, sont les concepts à l'origine de cette création. 

Sous l'effet d'un produit tensioactif, les bulles s'attirent entre elles et de leur fusion naît un paysage en constante évolution, évoquant à s'y méprendre une nébulosité atmosphérique. Le 'nuage' ainsi créé se meut lentement, grossit, se modifie au fur et à mesure de l'apparition des bulles. La pesanteur et la pression de l'air font qu'un fragile équilibre maintient la masse mousseuse en suspens entre apparition et disparition assurée par un processus chimique sur le pourtour de l'installation.   

Une oeuvre vivante en perpétuelle mutation, évocatrice de la fuite inexorable du temps, illustration de cet univers  flottant si caractéristique de l'art extrême-oriental.

Une réalisation troublante, onirique, où le visiteur qui s'y plonge découvre des paysages d'une éphémère et fascinante beauté. Une expérience qui ne le laissera pas indifférent.

 

 

 

 

 

 

(photos de l'auteur)

 

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13 septembre 2018 4 13 /09 /septembre /2018 09:35

 

Imaginez que vous pénétrez dans une pièce où une multitude de silhouettes jouent de différents instruments et dansent, mais si l'une d'elles perçoit votre présence, elle s'arrête de jouer.

Après un court instant, elle reprendra à nouveau sa mélodie ou sa danse, mais ce moment de perturbation aura troublé l'harmonie collective et la musique jouée par l'ensemble des silhouettes deviendra cacophonie.

Cependant, si vous restez un temps immobile ou que vous quittez la pièce, l'harmonie reviendra.

Cette installation n'est que l'une des composantes d'un extraordinaire spectacle qui, dans le cadre des manifestations 'Japonismes 2018' est venu secouer la torpeur de l'été parisien.

A la Grande Halle de La Villette, le collectif teamLab a présenté une incroyable et inédite exposition 'Au delà des limites' qui invitait les visiteurs à interagir avec des œuvres numériques hors normes.

Le montage vidéo qui suit , qui ne reprend qu'une toute petite partie de ce spectacle, peut toutefois, de façon partielle, donner l'image de ce qu'a été ce moment magique né de l'imagination créatrice d'un groupe d'artistes, de programmateurs, d'animateurs 3D, d'ingénieurs et de mathématiciens.

 

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1 septembre 2018 6 01 /09 /septembre /2018 18:02

 

Des petits riens.

Moments suspendus.

Visions fugaces.

 

Les petites vagues qui viennent mourir sur le sable.

Un banc solitaire qui contemple la mer.

Un souffle d'air qui fait danser les feuillages.

Le chant des cigales dans la torpeur de l'été.

Le balancement des fleurs sous la brise.

Des reflets improbables dans le miroir d'une fontaine.

Le lent défilement des nuages avant la pluie.

L'étrange ballet des gouttes d'eau sous l'averse.

Les jeux de l'écume et des rochers.

La mort annoncée du soleil derrière l'horizon.

Un bateau qui glisse au loin dans la nuit.

 

 

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Instants
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13 août 2018 1 13 /08 /août /2018 17:26

 

 

Au fil de la rivière,

 

Les jeux sans cesse renouvelés 

du Ciel et de l'Eau.

 

Un petit rafraîchissement estival.

 

 

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Rivière
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8 juillet 2018 7 08 /07 /juillet /2018 17:07

 

Il a illustré tant de poètes.

Ses œuvres elles-mêmes sont des poèmes.

On a parfois parlé à leur sujet d'abstraction lyrique.

Zao Wou-Ki invite le spectateur à s'immerger dans ses toiles,

à se laisser porter, à méditer, à s'y perdre.

Peu d’œuvres ont un nom, juste des dates.

L'une d'entre elles pourtant résume bien le propos :

 

'Traversée des Apparences'

 

Pas moyen de se raccrocher au réel.

On laisse flotter son imagination, on s'évade, on rêve.

 

Pour ma part, ses toiles, les bleues surtout,

me poussent vers de lointains rivages.

Son pinceau se fait houle, se fait ressac.

Les mille gouttelettes de peinture sont autant d'explosions d'écume

quand la mer vient se briser sur les rochers. 

 

Le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris présente actuellement et jusqu'au 6 Janvier 2019 une exposition consacrée aux grands formats de l'artiste :

 

'l'Espace est silence'

 

reprenant l'expression que son ami le poète Henri Michaux employa au sujet de son œuvre.

 

La vidéo qui suit est le fruit d'une visite de cette très belle exposition.

 

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Mers (Zao Wou-Ki)
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29 juin 2018 5 29 /06 /juin /2018 18:27

 

 

Lorsque le temps est clément, les barques amarrées dans le port

doucement se balancent.

La lente et obsédante respiration de l'eau miroir

brise leur image inversée 

en d'improbables éclats.

Naissent alors des figures étranges

qu'un incessant va-et-vient anime

en un surprenant et énigmatique ballet.

Barcarolle
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5 juin 2018 2 05 /06 /juin /2018 22:50

 

Tout a été dit concernant l'oeuvre maîtresse de l’immense artiste qu'a été Claude Monet et il serait à la fois présomptueux et inconvenant de risquer un commentaire à propos d'un monument de l'art sur lequel se sont penchés tant d'éminents spécialistes.    

Contempler les quelques 250 toiles que le Maître a consacrées aux nymphéas de son cher étang de Giverny, certaines étant de proportions gigantesques, reviendrait à effectuer plusieurs fois le tour du monde, tant elles sont dispersées dans les plus prestigieux musées aux quatre coins de la planète.

Et pourtant, la reconnaissance de ces chefs-d'oeuvre est venue tardivement, le public, à la sortie du carnage de la Première Guerre Mondiale, boudant  ces immenses tableaux qui n'étaient plus au goût du jour, les considérant plutôt comme le testament d'un peintre vieillissant.

La grande rotonde du Musée de l'Orangerie aménagée tout spécialement pour abriter les éléments de cette énorme peinture panoramique devant laquelle les touristes d'aujourd'hui, au coude à coude, parlent toutes les langues de la terre, n'était-t-elle pas considérée alors comme une espèce de mausolée funéraire.

C'est ce même Musée de l'Orangerie qui présente actuellement une remarquable confrontation entre les vénérables Nymphéas et les pionniers de l'abstraction américaine que sont les Jackson Pollock, Mark Rothko, Barnett Newman, Morris Louis, Clyfford Still, Sam Francis ou Joan Mitchell.

Car ce sont tous ces artistes qui, fascinés par les dernières œuvres du Maître, pratiquement aveugle sur la fin de sa vie, ont vu dans les fulgurances colorées de son corps-à-corps avec la toile les prémices de ce qui allait devenir la révolution de l'expressionnisme abstrait.

Ce que l'on remarque bien vite lorsqu'on est confronté au majestueux spectacle de ces immenses tableaux illustrant la tranquille beauté d'un étang au fil des saisons, c'est le contraste entre l'impression initiale de sérénité figée, un peu comme un joli décor champêtre, que l'on peut ressentir en contemplant l'oeuvre à distance, et la violence presque agressive qui vous assaille si vous approchez de la toile et vous trouvez confronté à ces  coups de brosse rageurs, à ces coulées de substance aux couleurs crues et aux contours esquissés.

Ceci est particulièrement marquant dans les toutes dernières œuvres, le 'Pont Japonais' notamment, où l'incandescence colorée annonce l'énergie exubérante d'un Jackson Pollock ou les bouillonnements d'un Willem De Kooning.

Le montage vidéo qui suit essaie modestement d'illustrer ce contraste.

Monet, à la fin de sa vie, atteint d'une cécité quasi totale, et qui ne distinguait plus son bucolique environnement qu'à travers un brouillard déformant, avait-t-il conscience que sa lutte éperdue avec une réalité qui le fuyait ouvrait la voie à toute une génération d'artistes d'outre Atlantique qui allait bientôt révolutionner le monde de la Peinture.

 

 

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Les Nymphéas
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19 avril 2018 4 19 /04 /avril /2018 18:05

 

Ceci est la reprise, sous la forme d'un montage vidéo, de mon premier article publié sur Overblog, il y a huit années de cela.

Le temps passe ...

Il concerne un lieu qui m'est cher, Camogli, sur la côte ligure, entre Gênes et Portofino, tout au fond du bien nommé 'Golfo Paradiso'.

Certaines des photos qui le composent sont déjà bien anciennes, plusieurs dizaines d'années, en fait des diapos numérisées.

Camogli a beaucoup changé depuis mes premiers clichés.

Les murs décrépis ont été fraîchement repeints, les façades arborent de nouvelles couleurs, les boutiques de vêtements et les restaurants ont remplacé nombre de petits commerces et les chats ont cédé la place aux foules de milanais avides de soleil méditerranéen, qui envahissent le week-end les quais du petit port.

Mais le charme indéniable de cet endroit opère toujours et les pêcheurs continuent de s'interpeller dans le rude dialecte gênois.

Il arrive encore qu'à bord des navires qui croisent au large et se hâtent de rejoindre le grand port de Gênes, les commandants actionnent au passage la corne de brume pour saluer leurs proches, en ce lieu qui vit naître tant de marins et dont les façades resplendissent dans la lumière du soleil couchant.

 

 

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Un si joli village (2)
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  • : Pourquoi ce blog? Pour ne pas oublier tous ces rivages, proches ou lointains, que j'ai connus, pour faire partager ces regards, ces visions, ces impressions fugaces, ces moments suspendus et qui ne se reproduiront plus, pour le plaisir de montrer des images et d'inventer des histoires, pour rêver tout simplement..
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